« VOUS NE M’ETES PAS INCONNU.E »
Photographies et Pointillés de conversations de Nadine Barbançon
Du 5 au 30 novembre 2018, de 13h30 à 21h30
Au Cinéma Le Méliès, 28 all Henry Frenay, Grenoble
Gratuit
Comme de nombreux collectifs d’habitants autour de la région grenobloise et en France, le Collectif d’Accueil des Réfugiés du Trièves (CART) reçoit depuis deux ans des hommes et des femmes demandeurs d’asile provenant de nombreux pays, et qui se heurtent au manque de places en hébergement d’urgence. Ils sont ainsi accueillis temporairement, notamment par des familles bénévoles, chez eux.
Nadine Barbançon a photographié en 2016 et 2017 ces premières ren-contres avec des hébergeurs et leurs hôtes.
Les réfugiés ne sont pas des images à plat sur un écran de télévision. Comment transfigurer l’enjeu de milliers d’inconnus en une relation particulière ? Comment laisser entrevoir la possibilité pour chacun d’être à la hauteur de cet enjeu humain ?Avec cette première série de photographies et de pointillés de conversation, la photographe nous invite à entendre ce langage intime et universel de la fraternité.
Extraits :
« C’est devenu une relation particulière alors que c’est l’enjeu de milliers de personnes. C’est comme cela que nous commençons à comprendre quelque chose. »
« Quand il devra partir, il partira. Ce n’est pas de l’affection qui nous lie c’est de la fraternité. »
« Depuis son enfance ma fille doit avancer sur la route sans regarder en arrière. Elle ne veut pas créer de liens ici parce qu’elle sait qu’un jour nous devrons peut être encore partir ailleurs. »
« De sa valise elle a extrait leur dossier médical et me l’a tendu les yeux dans les yeux. Il décrivait des gens stressés, tremblants, en sueur, terrifiés à l’idée d’être séparés. Aujourd’hui ils sont paisibles et sereins. Si nous sommes utiles à quelque chose c’est déjà au moins à cela : qu’ils retrouvent un peu de paix. »
« Je suis noire. Je pensais que les enfants auraient peur de moi. La première fois je leur ai tourné le dos. »
« Je n’ai pas choisi d’avoir besoin de quelqu’un. Je n’ai pas choisi de demander de l’aide. Cette maison qui m’accueille, c’est retrouver ma dignité et c’est la perdre un peu en même temps. »
NADINE BARBANÇON :
Après des études de Communication audio-visuelle, c’est à la School of Art and Design (Angleterre) en 1994 que son parcours se cristallise autour de la Photographie. De retour en France, entourée d’artistes, elle démarre un travail photographique en y associant souvent d’autres supports: les mots, le son, le mouvement : l’essentiel a été dans cette première étape, de chercher des nouvelles formes de narration, expérimenter des dispositifs de prise de vue. Aujourd’hui, après l’ expérience forte de son ouvrage A/FRANCHIR sur le quartier Village 2 à ECHIROLLES (38), une voie nouvelle s’ouvre sur la photographie sociale : elle envisage alors pleinement la question de la re-présentation, où comment donner à voir l’autre, notamment dans son rapport aux lieux vécus, individuels ou collectifs ; en 2014, elle débute en 2015 une collaboration avec un foyer logement de personnes âgées à la Villeneuve de Grenoble (« Au bord du Lac»), puis avec le local des femmes Sdf de Grenoble («Une fenêtre sur la rue») . Son immersion dans les lieux de vie propres au vieillissement se poursuivent en 2016-2017 en partenariat avec deux Foyers Logement de la région grenobloise, dans un projet de création et de sensibilisation soutenu par la Drac, la région, l’ARS, le CCAS et le Département de l’Isère et voient naitre les expositions STILL LIVING et JUSTE AVANT DE PARTIR. En 2017-18, une nouvelle création : «Prêtes à porter». A l’ère du numérique, et de la websphère, elle poursuit enfin des recherches autour du dialogue entre mot et images ( «Printer’s memory «, « BIGsms »)
LE COLLECTIF D’ACCUEIL DES REFUGIES EN TRIEVES
En septembre 2015 la diffusion de l’image du petit Aylan, a été le déclencheur de notre volonté de sortir de notre impuissance et du silence. Nous avons été nombreux dans les montagnes autour de Grenoble ( Vercors, Chartreuse, Belledonne, Matheysine, et ici dans le Trièves), à rassembler nos amis, nos voisins, ne serait-ce que pour en parler, trouver les mots, et pourquoi pas un jour les gestes. C’est ainsi que le Collectif d’Accueil des Réfugiés en Trièves (CART) a vu le jour, rassemblant des personnes de toute génération, de toute sensibilité politique ou culturelle.
C’ est un collectif ouvert, organisé de manière collégiale, qui apporte un soutien moral et matériel aux demandeurs d’asile sans solution d’hébergement. Mais accueillir des personnes en exil à 50km de Grenoble, au milieu des montagnes enneigées l’hiver, loin des services administratifs et des communautés, et avec seulement quelque bus qui vont à la ville, était-ce vraiment une bonne idée ?
Après 2 ans d’activité, et plus de 60 personnes accueillies, notre bilan est très positif : C’est entre autre parce que nous habitons loin de Grenoble, que le groupe de bénévoles à été très attentif à ce risque d’isolement et à organiser les solidarités : le co-voiturage, les sorties culturelles, les repas partagés, les cours de français, la participation aux actions associatives, les rencontres avec les habitants etc…
Cette aventure se poursuit, avec une centaine de bénévoles actifs et sympathisants, exprimant des habitants une volonté forte de solidarité. Jusqu’à présent, le collectif a agi sans demande de soutien financier aux collectivités territoriales, avec la collaboration et le soutien d’associations locales. Aujourd’hui le CART a besoin d’étoffer le nombre d’hébergeurs et de lieux d’hébergement, pour rendre pérenne son action.
L’Accueil : Comment cela fonctionne ? Les personnes que nous accueillons dans le Trièves sont enregistrés par la préfecture. Ils nous sont orientés par des associations professionnelles de Grenoble. Il s’écoule parfois plusieurs mois avant qu’un hébergement leur soit proposé par l’administration et pendant ce temps-là, ils vivent dans la rue, alros que leur arrivée en France a pourtant été précédée d’épreuves difficiles et douloureuses. C’st pourquoi le cœur de notre projet reste l’hébergement.
Le C.A.R.T est organisé de manière bénévole et collective, et s’appuie sur un réseau d’habitants-citoyens opérationnels autour de chaque hébergeur : Accueillir chez soi une ou plusieurs personnes pendant quelques semaines, voire quelques mois, est un moment fort. C’est pourquoi les hébergeurs sont accompagnés systématiquement par un groupe de bénévoles dans le même village ou secteur.
Que cela soit chez des familles ou dans des logements indépendants, l’accueil doit se faire dans des lieux favorisant le respect de la vie privée et de l’intégrité des demandeurs d’asile. L’accueil se veut sans considération de nationalité, de religion, d’ethnie ou de genre. Il n’est pas prévu de durée maximale d’accueil, la personne est hébergée jusqu’à ce qu’une solution d’hébergement spécifique plus adaptée lui soit proposée, telle qu’une place en CADA (Centre d’accueil des demandeurs d’asile). Jusqu’à présent 62 personnes ont été accueillies, principalement dans le logement-même des familles volontaires et parfois dans quelques logements privés provisoirement vides.
Environ 100 personnes se sont mobilisées sur les communes de Monestier-de-Clermont, Mens, Chichiliane, Saint Martin-de-la-Cluze, Saint-Martin de Clelles, Gresse-en-Vercors, Roissard, Saint-Paul-les-Monestier, Tréminis. Deux appartements indépendants ont été totalement rénovés lors de chantiers participatifs, à Mens et à Monestier de Clermont.
Contact : Cinéma le Méliès, 04 76 47 99 31, melies@laligue38.org
Laique et indépendante, la ligue de l’enseignement de l’Isère réunit des hommes et des femmes qui agissent au quotidien pour faire vivre la citoyenneté en favorisant l’accès de tous à l’éducation, la culture, les loisirs ou le sport. Bénévoles et professionnels se mobilisent au sein de notre association, dans près de 300 associations locales fédérées et d’un important réseau d’entreprise de l’économie sociale et solidaire. Tous y trouvent les ressources, l’accompagnement et la formation nécéssaires pour concrétiser leurs initiatives et leurs projets. Tous refusent la résignation et proposent une alternative au chacun pour soi.
Avec le Cinéma le Méliès, maintenant doté de 3 salles et d’une capacité de plus de 500 fauteuils, la Ligue de l’enseignement, a réussi son pari d’être un acteur associatif essentiel en matière cinématographique à Grenoble. Le Méliès a accueilli près de 200 000 spectateurs en 2016 ; il met en place par ailleurs un travail de formation et de sensibilisation des publics et affirme sa mission d’éducation à l’image avec une proposition d’ateliers et de cours de cinéma.
L’association TANGIBLES œuvre dans un esprit d’ouverture au monde, esprit dans lequel le geste photographique est avant tout une rencontre. Elle questionne la place et le rôle de la photographie dans la société contemporaine, et dans le monde des Images, elle cherche à rassembler des pratiques photographiques d’amateurs et d’artistes.
Porteurs/organisateurs et partenaires/financeurs : La Ligue de l’Enseignement de l’Isère, Cinéma Le Méliès, Tangibles