Les Tirailleurs Africains et la France
Conférence, film
Lyon
Espace Jean Couty
Sam 12 nov
15h
Gratuit
Conférence de l’historien Julien Fargettas sur le 25e régiment de tirailleurs sénégalais qui reçut l’ordre de « résister sans esprit de recul même débordé » pour tenter d’endiguer le déferlement des troupes allemandes sur les nationales 6 et 7, au nord de Lyon en 1940. Projection du film de Julien Masson “Mémoire en marche – Sur les traces des tirailleurs sénégalais de 1939-1945”.
Organisé par Africa50
En partenariat avec la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Rhône le département, la Métropole de Lyon, la ville de Lyon, la mairie de Lyon 9, le CRAN, les Collectifs Les Rosas, AFROFEM. Dans le cadre du mois des personnes d’ascendance africaine.
INFOS ET RÉSERVATION :
Espace Jean Couty : 1 rue de la Pépinière Royale 69009 Lyon
contact@africa50lyon.org
facebook.com/africacinquantelyon
DÉTAILS :
- Conférence de Julien fargettas :
Le 25 RTS JUIN 1940 – COMBATS ET MASSACRES EN LYONNAIS (30’)
Le 10, sur la Somme et l’Aisne, les dernières lignes de défense française ont cédé, le gouvernement a fui Paris et, le 17, Pétain a demandé à l’armée de cesser le combat… Les 19 et 20 juin pourtant, le 25e régiment de tirailleurs sénégalais reçoit l’ordre de « résister sans esprit de recul même débordé » pour tenter d’endiguer le déferlement des troupes allemandes sur les nationales 6 et 7, au nord de Lyon. Quatre-vingts ans plus tard, l’historien Julien Fargettas, ancien officier de l’armée de terre, directeur de l’ONACVG 42, spécialiste des soldats noirs auxquels il a notamment consacré sa thèse de doctorat, revient pour nous sur les combats de Chasselay, objets de ses premières recherches.
- Film de Julien Masson :
MÉMOIRE EN MARCHE, SUR LES TRACES DES TIRAILLEURS DE 39 – 45
« Depuis plus de dix ans, je parcours le monde avec l’envie d’apprendre et une grande curiosité. Plusieurs mois par an, je voyage en Afrique à la rencontre de ses peuples et de leurs histoires. Trop souvent, dans mon aventure, je me confronte à l’oubli. Comme si un voile épais recouvrait ceux à qui l’Histoire ne daigne laisser la parole. Alors, je tente de récolter des témoignages, grâce à la photographie, la vidéo et l’écriture, afin de les exposer au plus grand nombre.
Chacun de nous, à sa façon, a vécu la Seconde Guerre mondiale : racontée par les anciens, expliquée par les professeurs, exposée à la télévision. Nous en sommes tellement imprégnés que nous pensons tout connaître d’elle : ses héros et ses traîtres, ses champs de bataille et d’honneur, ses glorieux monuments et ses horreurs. Un jour, j’ai appris l’existence d’anciens combattants africains qui se seraient battus pendant la Seconde Guerre mondiale. Curieux, j’ai commencé à m’intéresser au sujet. Je connaissais vaguement le rôle des Maghrébins grâce au film Indigènes. Mais là, soudain, je découvrais l’histoire de la « Force Noire ». Non seulement des milliers d’Africains subsahariens s’étaient battus pour la France pendant la Seconde Guerre mondiale, mais ils avaient aussi participé aux boucheries de la guerre précédente. Depuis la création du corps des « Tirailleurs Sénégalais » en 1857 par le général Faidherbe jusqu’aux indépendances des colonies françaises au début des années 1960, ils connurent toutes les guerres : de la conquête coloniale, dont ils furent l’un des piliers, jusqu’aux guerres d’Indochine et d’Algérie en passant par les deux conflits mondiaux. Des milliers périrent dans les tranchées de la Grande Guerre. Ils s’avérèrent décisifs dans la bataille de Verdun en prenant le fort de Douaumont. Et dire que je ne savais rien d’eux ! Je n’en avais jamais entendu parler. J’appris que le Noir au sourire bon enfant des boîtes de chocolat Banania représentait la caricature d’un de ces soldats sans nom d’une histoire oublieuse. J’étais bouleversé. Je pensais connaître, un peu, la Seconde Guerre mondiale car, depuis l’enfance, je n’avais cessé d’interroger à son sujet. Mais personne, aucun professeur, aucun parent, aucun livre, ne m’avait parlé des tirailleurs sénégalais. Aujourd’hui, lorsque je les évoque, il est évident que leur histoire, leurs faits d’armes, leur existence même, restent fort méconnus.
Le temps passe et précipite l’effacement de la mémoire. Bientôt, il restera seulement ce qu’on a voulu garder de l’histoire, des morceaux choisis : le récit des vainqueurs et des dominants. Alors, puisque les manuels scolaires n’en font pas écho, que la presse se fait discrète et les films timides, je me suis demandé avec inquiétude qui se souviendra des centaines de milliers d’Africains qui se sont battus pour la France durant cette fameuse guerre mondiale ? Qui retiendra que Brazzaville fut la capitale de la France Libre ? Qui saura encore que près de 150.000 Africains débarquèrent sur les plages de Provence pour libérer le pays ? Qui évoquera le courage de Mamadou Addi Bâ, de Charles N’Tchoréré et de Samba N’Dour ? Oui, je me suis demandé qui se souviendra des milliers d’anonymes qui quittèrent leur famille, leur foyer, leur terre pour éradiquer le fascisme en Europe. Je ne peux supporter l’idée que leur mémoire s’efface comme s’est diluée celle de leurs ancêtres. Ma décision était prise : j’irai à leur rencontre. » Julien Masson