Pourriez-vous vous présenter en quelques mots, nous dire quelques éléments importants de votre parcours, notamment en ce qui concerne votre intérêt pour le sujet des migrations ?
L’objet migrations n’a pas mis beaucoup de temps à susciter mon intérêt, d’abord au détour de cours sur l’École de Chicago et sur la question de l’identité, durant mes premières années de licence en sociologie à l’Université Paris-Est Marne-la-Vallée. Comment est-ce qu’on se situe lorsqu’on s’est inscrit dans différentes sociétés ? Quels liens se font et quelles identifications se jouent ou se rejouent ? C’est avec un mémoire de licence 3 et avec les conseils de Jacques Barou, qui a été l’un de mes enseignants à l’Institut d’Études Politiques de Grenoble, que mon parcours universitaire s’est définitivement engagé en direction des questions de migrations. Plus tard, poursuivre en thèse a un peu été une suite logique et l’occasion de me dédier à l’un des nombreux questionnements qu’amène la situation migratoire avec la constitution d’un terrain d’enquête sur un temps long. Et puis, évidemment, l’objet disant souvent quelque chose de celle ou de celui qui le formule, mon intérêt pour la question migratoire n’est pas sans liens avec mon histoire et avec le fait que mes parents aient eux-mêmes émigré.
Concernant les migrations, quelles sont les questions qui sont au cœur de votre travail de recherche ? Pourriez-vous présenter votre démarche, ses enjeux, vos partenaires ?
Actuellement, je suis en fin d’écriture d’une thèse interrogeant le choix conjugal en situation migratoire, à l’Université Lumière Lyon 2. En effet, j’ai mené une enquête de terrain auprès de femmes subsahariennes ayant émigré de pays d’Afrique de l’Ouest et centrale et qui sont installées en France depuis dix années ou plus, vingt, trente, voire quarante ans. Partant du constat que les manières de « faire famille » relevées au sein des diverses sociétés de départ diffèrent à de nombreux égards de celles qui prévalent en France, j’ai souhaité notamment interroger les arbitrages opérés par les principales concernées dans leur vie conjugale en France. Ainsi, les incidences de la migration sur les normes et sur les pratiques au sein de la sphère privée sont au cœur de mon travail. En conduisant des entretiens biographiques avec ces émigrantes, j’ai cherché à recueillir leurs parcours après et avant la migration et au-delà du seul domaine conjugal précisément pour mieux comprendre et resituer celui-ci.
J’ai réalisé ce travail d’enquête dans le cadre d’une résidence recherche au Rize de Villeurbanne, structure culturelle municipale où ma recherche a bénéficié des différents échanges qui s’y tenaient, académiques ou non. C’est d’ailleurs au Rize que j’ai fait la connaissance du réseau Traces.
Comment vous êtes-vous impliquée dans le Réseau Traces par le passé ? Quelles sont vos possibilités de partager votre travail -vos recherches, les ressources qu’il constitue – avec le Réseau TRACES et le public de la région Auvergne-Rhône-Alpes ?
J’ai été amenée à prendre part en octobre 2015 à une journée dédiée à l’actualité des recherches sur les migrations et aux ateliers qui avaient alors eu lieu, à St-Étienne. Au vu de l’actualité et du renouvellement des questions posées par la migration, les occasions d’échanges et de partages ne manqueront sûrement pas pour le réseau Traces. Et j’aurai plaisir à y contribuer si mon travail peut apporter quelques éclairages aux questions passionnantes qu’il aborde.