Pourriez-vous vous présenter en quelques mots, nous dire quelques éléments importants de votre parcours, notamment en ce qui concerne votre intérêt pour le sujet des migrations ?
Mon intérêt pour le sujet des migrations a eu pour point de départ un questionnement simple que je me suis posé de manière spontanée à l’annonce du lancement de la nouvelle politique migratoire du Maroc, en 2013, au moment où je venais d’intégrer mon master recherche en science politique – relations internationales à Sciences Po. La question pouvait se résumer comme suit : comment expliquer qu’un État comme le Maroc décide d’entreprendre une politique migratoire particulièrement accueillante en 2013 ?
Chercher à expliquer les déterminants et la formation d’une politique migratoire accueillante alors que la question a jusque-là été traitée sous l’angle sécuritaire m’intriguait réellement mais pas suffisamment pour que j’y consacre mon mémoire de recherche de master.
La question a donc été mise partiellement de côté pendant environ deux ans avant de ressurgir en échangeant sur un éventuel projet de thèse à l’Université Grenoble Alpes. La démarche du chercheur a ceci d’extraordinaire : la possibilité de transformer l’un des très nombreux questionnements ou intuitions de la vie quotidienne en question de recherche afin de mener une réflexion approfondie.
C’est ainsi que j’ai choisi de préparer une thèse intitulée : « Diplomatie migratoire du Maroc. La nouvelle politique migratoire ou la formation d’une politique publique engagée pour soutenir la politique étrangère du Maroc ». Elle a été soutenue publiquement à Grenoble en 2019.
Concernant les migrations, quelles sont les questions qui sont au cœur de votre travail de recherche ? Pourriez-vous présenter votre démarche, ses enjeux, vos partenaires ?
J’aborde principalement les questions migratoires sous le prisme de la science politique et des relations internationales. Ces disciplines sont souvent marginalisées pour cet objet d’études au profit d’approches sociologiques ou géographiques.
La fabrique des politiques migratoires et la diplomatie migratoire sont au centre de mes travaux de recherches mais mes centres d’intérêts sont plus diversifiés. J’ai, en effet, pris part à différents projets de recherche en matière de migrations. L’un s’est attaché à étudier la manière dont les flux migratoires favorisent la diffusion des valeurs libérales dans les pays d’immigration. Un autre a porté sur les barrières d’accès aux soins de santé reproductive et sexuelle des femmes migrantes au Maroc. J’ai également participé à une étude sur l’intégration des réfugiés au Maroc et à une autre visant à renforcer le système sénégalais de collecte et de traitement des données sur la migration.
L’intérêt académique pour les questions migratoires a donné lieu à un engagement auprès des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile. J’ai notamment été Clinicienne bénévole à la Clinique juridique Hijra et représentante de la Clinique auprès de la Plateforme Nationale Protection Migrants (Maroc). J’ai également assuré plusieurs formations en faveur de migrants et d’associations de migrants au Maroc portant sur les droits des migrants, des réfugiés et des demandeurs d’asile. La question des droits des réfugiés et des demandeurs d’asile me tient tout particulièrement à cœur. C’est pour cette raison que je fais régulièrement du plaidoyer en faveur d’un système national d’asile effectif et conforme au droit international.
Comment pensez-vous pouvoir vous impliquer dans le Réseau Traces ? Quelles sont vos possibilités de partager votre travail -vos recherches, les ressources qu’il constitue – avec le Réseau TRACES et le public de la région Auvergne-Rhône-Alpes ?
Je serais ravie de m’impliquer, à distance, dans le Réseau Traces. Ma participation pourrait prendre la forme d’un échange d’expertises et de perspectives sur les questions migratoires d’intérêt commun. Je suis disposée à partager mes recherches et ressources avec le Réseau Traces et le public de la région Auvergne-Alpes. Bien que n’ayant jamais résidé de manière continue dans la Région, ma thèse de Doctorat préparée au sein de l’Université Grenoble Alpes et mon unique rattachement académique actuel au laboratoire PACTE nous lient à jamais. Je reste par ailleurs ouverte à toute piste de coopération au sein du Réseau Traces.