Pourriez-vous vous présenter en quelques mots, nous dire quelques éléments importants de votre parcours, notamment en ce qui concerne votre intérêt pour le sujet des migrations ?

Je travaille dans une association qui s’appelle Modus Operandi, on mène des actions de recherches autour de différentes formes de violences et pour mener ces formes de recherches on propose des espaces de paroles et des arènes pour travailler avec des personnes qui vivent la domination et donc qui sont concernées par les différentes formes de violence que l’on étudie. Dans ces différentes formes de violence, je m’intéresse particulièrement à la violence structurelle celle qui vient des institutions, de l’état et notamment par la question de la procédure d’asile et des procédures administratives autour du droit des étrangers et une autre forme de violence, la violence épistémique qui est une violence dans la production de savoir, puisque l’on reconnait à certains le statut de sachant et à d’autres pas. Dans la question d’immigration y a ce déséquilibre / asymétrie dans la recherche, ce sont des chercheurs dans des situations stables qui travaillent sur des personnes qui arrivent ou qui étaient déjà installées avec une situation précaire voir extrêmement précaire.
Dans l’association, je travaille à la recherche de refuge avec des personnes qui ont pu faire des demandes d’asile en France avec l’obtention d’un titre de séjour, un statut d’asile ou une protection subsidiaire ou qui au contraire peuvent ne rien à voir et se retrouver dans un vide juridique. Je développe une expérimentation méthodologique avec des ateliers radios.
Un chemin avec des détours, j’ai été étudiante avec un Master sur l’immigration et la santé, qui tournait beaucoup autour de l’humanitaire et puis j’ai découvert le droit par ce biais le droit à l’étranger. Je suis retournée autour de cette question par la question de l’asile et d’une association qui accompagne les personnes en demandent d’asile. A ce moment-là, j’ai commencé à travailler avec l’outil radio et c’est ce qui m’a donné envi de faire le lien entre la radio et l’asile. Donc j’ai proposé de faire des ateliers radios avec les personnes en demandent d’asile et avec cette idée de créer du lien autrement avec les personnes que autour de la procédure et d’ouvrir un autre espace que celui qu’on leur offre habituellement. J’ai une formation théâtrale pendant longtemps et je pense que la radio est liée à cette formation et puis très tard j’ai pris conscience que mes grands paternels étaient réfugiés et donc peut-être pour ça que je suis arrivée à cet endroit-là.

Concernant les migrations, quelles sont les questions qui sont au cœur de votre travail de recherche ? Pourriez-vous présenter votre démarche, ses enjeux, vos partenaires ?

Le travail que l’on développe dans l’atelier radio, permet aussi d’intervenir dans des cours de français et de développer le travail de la parole. Parler ce n’est pas seulement dire des choses. On observe toute une série de contrainte qui concerne la parole et qui empêche d’une certaine façon des personnes qui recherchent un refuge de prendre la parole ou d’être entendu. Et c’est expliqué par les dominations, les positions que l’on a dans la société qu’on n’est pas entendu, le fait que pour se sentir légitime en France on doit se positionner comme victime passive et non pas passive. Il y a aussi l’image de l’imposteur, les personnes qui arrivent seraient des mauvaises personnes ou seraient de mauvais réfugiés car utilise le droit d’asile. Il y a d’autres contraintes, comme la violence systémique, il y a la relation coloniale, une relation de domination. Après y a d’autres contraintes, cela serait long de tout expliquer. L’idée de cet atelier est le fait d’agir dans la prise de parole, ce dernier c’est ce qui est permis d’être considéré comme quelqu’un qui pense politique. Tout ce qui est mis en place en France rend les gens dépendants et donc les personnes ne sont plus autonomes pour se loger, se laver, se nourrir… En rendant les gens dépendants, les personnes deviennent aliénées. Il faut faire le lien entre être reconnu comme un être parlant c’est être reconnu comme un être pensant / réfléchissant. On remet aussi en question les procédés de la recherche, on ne fait pas d’entretiens avec les personnes, ce sont plutôt des débats.
La radio est très importante, sans celle-ci l’atelier n’existerait pas, la radio permet de faire sortir nos voix de nos murs et d’accéder à l’espace public et permet de rencontrer des gens en dehors de notre cercle. Cela peut-être des personnes de nos réseaux avec des positions différentes, des amis, des chercheurs spécialisés dans la question de l’immigration ou encore des étudiants… Les partenaires sont des radios locales (Radio Campus, Radio Dragon…)

Comment vous êtes-vous impliqué dans le Réseau Traces par le passé ? Quelles sont vos possibilités de partager votre travail -vos recherches, les ressources qu’il constitue – avec le Réseau TRACES et le public de la région Auvergne-Rhône-Alpes ?

Ce qui est intéressant dans le réseau TRACES est de faire du lien, du lien entre les personnes, entre les structures, les idées… Bien sûr le sujet de la migration est vaste et qu’on est aussi dans une vaste région où se passe des choses, et c’est pour cela qu’on s’est retourné vers TRACES pour faire du réseau et pas s’ignorer. Cela permet de se faire connaître aussi, de plus, la question de la migration en France est très mal traitée.
Dans le réseau TRACES, on participe aux réunions, à la création d’événements comme la biennale ou images migrantes. On montre aux gens avec qui on travaille, que beaucoup de choses existent sur la question de la migration.

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