Feuilletez le programme de l’édition 2008 de la biennale TRACES en cliquant sur la couverture ci-contre.
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Edito
Sortir du Silence
… « Regarde
L’histoire s’écrit à travers chaque silhouette
Elle se raconte
Elle te raconte
Parfois l’oasis entrebâille sa fenêtre
Etrange réveil d’une mémoire engourdie
Femmes et hommes d’ailleurs, ici
Animés d’un même secret espoir d’être reconnus
Respectés un jour, au grand jour, à toujours
Ecoute aujourd’hui le vent chaud de l’oasis souffle son chant… »
Extrait d’un texte de Nagette HAIDER, Résidente Aralis, site Pionchon
Traces, un forum régional des mémoires d’immigrés
On n’oublie pas d’où l’on vient.
Dans une première édition en avril 2000, nous avons tenté de faire entendre le silence de ces résidents de foyers que nous appelons « chibanis », un mot qui condense le respect et la préoccupation filiale pour les anciens ; hier jeunes travailleurs, aujourd’hui retraités, exilés dans un entre-deux rives, un entre-deux vies, ils hésitent à dire les espoirs et les amertumes, les joies et les frustrations. Mutisme solitaire de ceux qui se sont résignés. Le temps a passé, ils vieillissent nous démolissons les foyers où ils ont vécu de longues années pour reconstruire un logement digne.
Subrepticement, s’effectue le passage d’un monde à un autre, dans le silence d’une génération d’hommes qui partent comme ils sont venus : sans bruit et dans l’indifférence. Mais on ne peut pas construire le présent sans rien retenir du passé. Face à la relégation sociale et économique, à la montée des replis et les crispations identitaires, la question de la reconnaissance de la place de cette première génération d’immigrés revêt de plus en plus importance. Le travail sur l’histoire et la mémoire, les enjeux de la transmission aux générations actuelles et futures constituent le matériau d’un formidable chantier de construction : un destin commun qui se fondent sur la contribution de tous, dans la dignité.
En tentant de faire une place à cette mémoire vivante des foyers il s’agit de re-situer cette histoire particulière dans une histoire collective à partager avec la Cité.
Après le silence, fil rouge de la première édition, la voix déclinée sous ses multiples formes fournit le thème de l’édition TRACES 2003.
La voix est le moyen universel et propre à l’humain pour se dire, s’exprimer, partager, convaincre, faire entendre…Riche de ses diversités de langues, d’intonations elle est parlée, chantée, criée, chuchotée…Elle s’adresse, à la fois, à l’intimité de chacun : elle émeut, elle soulage, elle lie les histoires humaines entre elles… C’est parce qu’elle est d’une évidente familiarité pour tous, qu’elle transcende nos incompréhensions mutuelles, nos rejets, nos silences… Pendant deux semaines, des mots, des lettres, des notes s’égrènent entre Lyon, Vienne, Saint-Étienne, Andrézieux Bouthéon. Ensemble, suivons leurs traces…
Aralis