Préambule

La région Auvergne Rhône-Alpes, du fait de sa situation frontalière et de son histoire industrielle, est de longtemps façonnée par des présences migratoires, d’horizons proches et lointains. Elle résonne toujours des mémoires de ces présences comme elle continue à être traversée par les nouvelles formes et les enjeux des mobilités actuelles. Les mouvements migratoires, font partie de facto de l’histoire de la région comme de son devenir.

Des acteurs multiples – associations, institutions patrimoniales, artistes, chercheurs, mouvances militantes, etc. – s’investissent depuis de nombreuses années dans des actions sociales, scientifiques, politiques et culturelles qui prennent en compte ces faits migratoires. Un réseau pionnier s’est ainsi constitué au tournant des années 1990-2000 mettant en lien interventions et réflexions autour de la mémoire et de l’histoire des migrations dans la région : Traces, forum régional des mémoires de l’immigration. Ce réseau, aux côtés d’autres acteurs historiques au niveau national, a contribué à la préfiguration et à la genèse de la Cité nationale de l’histoire de l’immigration (CNHI), devenue la Musée de l’histoire de l’immigration. Après une période de latence, ces acteurs, rejoints par de nouveaux ont formé le projet de relancer la dynamique régionale autour des questions migratoires et interculturelles.

La présente charte constitue le socle de ce projet. Elle affirme les valeurs et les intentions communes aux membres du réseau Traces, dans un contexte politique et social en constantes évolutions sur ces questions (légitimation grandissante des migrations comme droit individuel au niveau international, interculturalisation des sociétés et des héritages, mais aussi exacerbation des idéologies xénophobes et difficultés de lutter efficacement contre les pratiques discriminantes liées à ces héritages, etc.).

Un forum

Traces est un « réseau-forum » qui réunit différents types de personnes et de structures : associations œuvrant dans le champ social ou culturel, institutions publiques à vocation patrimoniale ou artistique, chercheurs en sciences humaines et sociales.
Ce forum fédère des acteurs dont la parole de chacun compte à égalité avec celle des autres : c’est la dimension collégiale et plurielle qui fait la force du réseau.

Une région

La figure du migrant interroge l’idée-même de territoire borné ainsi qu’une forme de mémoire territorialisée. Le réseau s’étend sur la région Auvergne Rhône-Alpes, dont l’échelle permet de mieux prendre en compte les dynamiques des réalités des mobilités et des flux migratoires.

L’échelle régionale permet également de :

  • Porter une vision commune large, qui dépasse la dispersion des projets et les thématiques territorialisées trop locales.
  • Rendre visible et mettre en cohérence les actions menées sur l’ensemble du territoire.
  • Mutualiser les connaissances et les ressources des différents participants.

Un projet politique

Les membres du réseau Traces sont liés par une approche commune du fait migratoire qui se décline ainsi :

  • Connaître et reconnaître dans toutes leurs composantes les migrations passées et présentes, en plaçant au centre des préoccupations les enjeux sociaux et politiques contemporains.

Les thématiques portées par le réseau Traces concernent à la fois :

  • Les formes actuelles prises par les migrations contemporaines.
  • Les pratiques interculturelles.
  • Les reconstructions mémorielles et les héritages liés aux migrations plus anciennes.

Il s’agit par là de questionner les représentations du passé autant que de comprendre leurs effets actuels.

  • Ancrer les thématiques des migrations dans le domaine culturel (création artistique, action culturelle et travail patrimonial).
  • Travailler à changer les regards et les représentations, en escomptant un effet concret sur les rapports sociaux.

Une organisation

Le réseau s’appuie sur une coordination chargée de développer des relations vivantes entre les acteurs régionaux.

Sa gouvernance intègre :

  • un conseil d’administration réunissant un nombre limité de participants élus par l’Assemblée générale de l’association, qui prépare une programmation culturelle biennale.
  • un chargé d’animation et de coordination, dont le fonctionnement est porté par l’association.
  • le cas échéant, des groupes de travail thématiques ou territoriaux qui participent à la préparation de la programmation de la biennale Traces.

Les ressources du réseau sont constituées de subventions publiques, des cotisations versées à l’association par ses adhérents et des contributions volontaires de ses membres.