Pourriez-vous vous présenter en quelques mots, nous dire quelques éléments importants de votre parcours, notamment en ce qui concerne votre intérêt pour le sujet des migrations ?
J’ai soutenu début 2015 une thèse en anthropologie à l’université Lyon 2 sur l’évolution des politiques publiques de gestion des bidonvilles de roms à Lyon entre 2005 et 2012. Durant cette période, j’étais successivement traducteur bénévole pour Médecins du Monde à Lyon auprès des roms en bidonville, chargé de mission habitat précaire pour une association lyonnaise d’insertion par le logement, responsable de programme de coopération au développement social entre Lyon et une petite ville de Roumanie. C’est ce parcours que j’ai souhaité documenter dans ma thèse. J’illustre le tâtonnement erratique de l’action publique qui ne peut saisir son objet à l’endroit de ces installations précaires « illisibles » pour le pouvoir et les acteurs engagés sur la question. J’ai observé comment l’action publique peut produire de « l’ingouvernable », c’est-à-dire que le gouvernement d’une situation échoue quand elle échoue à saisir son objet.
J’ai créé un site internet pour présenter mes recherches : https://www.ingouvernables.org
Concernant les migrations, quelles sont les questions qui sont au cœur de votre travail de recherche ? Pourriez-vous présenter votre démarche, ses enjeux, vos partenaires ?
J’ai travaillé la question de la migration comme une circulation incessante qui déplace moins les Hommes que les repères pour caractériser leur situation, en particulier lorsqu’il s’agit de gérer et gouverner cette situation qui fait apparaître du trouble et du désordre. La circulation met en péril la « lisibilité » d’une situation par le pouvoir, met en difficulté sa capacité à identifier, fixer, comptabiliser et gouverner.
Mon travail de recherche a enrichi une pratique professionnelle auprès des collectivités locales (Métropole de Lyon, ville de Tinca en Roumanie), de l’Etat (Déléguation interministérielle à l’hébergement et au Logement), au niveau européen (commission européenne, conseil de l’Europe), et auprès des personnes en situation d’habitat précaire à Lyon ou en Roumanie. Il s’agit d’une recherche engagée et impliquée.
J’entame cette année un travail de recherche action sur la situation des squats de migrants dans une métropole de la région (en cours d’élaboration).
Je réalise des formations pour des équipes de travailleurs sociaux impliqués sur la question des roms roumains en bidonvilles notamment, et plus largement concernant les questions de l’intervention sur l’habitat précaire.
Comment vous êtes-vous impliqué dans le Réseau Traces par le passé ? Quelles sont vos possibilités de partager votre travail -vos recherches, les ressources qu’il constitue – avec le Réseau TRACES et le public de la région Auvergne-Rhône-Alpes ?
J’ai participé à différentes rencontres du réseau, peut-être dans les années 2010-2012, au moment de sa structuration et du départ de Benjamin Vanderlick et de la reprise par Philippe Hanus. Dernièrement j’ai écrit des articles dans la revue écarts d’identité et dans les cahiers de l’Ethnopôle de valence.
Je veux bien rejoindre ponctuellement des temps de travail sur des questions proches de mon champ de connaissance et d’intervention.