Les Rencontres des Cinémas d’Europe
FOCUS 2019 : L’illusion identitaire
Lors de la 21e édition des Rencontres des cinémas d’Europe, du 16 au 24 novembre 2019, la programmation s’articule autour de plusieurs axes : un focus, des hommages à des réalisateurs, le Panorama des films européens de l’année (plus de 70 films) avec de nombreux invités, une sélection de film du patrimoine (Voir et Revoir), un ciné-concert… (Plus d’infos…)
Cette année les Rencontres des Cinémas d’Europe vous invitent à aborder les questions d’identité, en prolongement au Focus de l’an dernier consacré aux migrations. Jean-François Bayart a pensé le déroulé de cette thématique, en compagnie de Simona Taliani, de Roberto Beneduce et du duo Melkem pour la partie musicale. Le thème des migrations continuera toutefois à être abordé en collaboration avec les rencontres IMAGES MIGRANTES proposées par le Réseau Traces et le revue Écarts d’identité.
PROGRAMME DU FOCUS :
Vendredi 22 novembre
Cinéma Le Palace
« Images Migrantes »
Carte blanche au réseau Traces
Cette carte blanche fait écho au programme « Images Migrantes, rencontres cinéma et migrations » organisé du 25 au 29 septembre 2019 à Lyon.
Les migrations – sujet majeur de notre temps que ne cesse d’interroger le réseau Traces –sont au cœur des débats politiques, localement et internationalement. À ces débats sont souvent associées des images tragiques et des imaginaires en confrontations.
Le cinéma, et plus largement les images diffusées sur une multitude de supports racontent la métamorphose du monde : sa “mondialisation” descendante mais aussi sa “mondialité́” ascendante. Depuis ses origines, le cinéma a toujours été́ tourné vers l’altérité́, et les migrations ont rapidement été́ inscrites dans ses récits. Il est incontestable que les migrations sont l’objet d’une production d’images de plus en plus pléthorique, depuis les images tournées avec des smartphones et aussitôt diffusées sur les réseaux sociaux jusqu’aux plus grosses productions cinématographiques. Il est de fait intéressant de constater et d’analyser comment, dans le même temps, ces images, véhicules de représentations diverses, bougent.
Ces 3 programmes seront précédés d’une présentation et de débats en salle par des membres du réseau Traces, dont : Philippe Hanus, historien, coordinateur de l’ethnopôle « migrations, frontières, mémoires » au Centre du Patrimoine Arménien de Valence ; Sébastien Escande, coordinateur du Réseau TRACES, Histoire, mémoires et actualités des migrations en Auvergne-Rhône-Alpes.
10h30 : Déplacer les montagnes (2019, France, 1h20)
Un film de Lætitia Cuvelier, Isabelle Mahenc
« Dans nos montagnes, là où nous avons choisi de vivre, nous voyions des espaces de liberté, des cols, des passages et des invitations au voyage. Nous avons vu une frontière se dessiner, de la violence contre les personnes exilées, des drames et des élans de solidarité. Nous avons vu des portes s’ouvrir, des liens se nouer à la croisée de ces chemins d’exil et d’hospitalité. Nous avons eu envie de faire raconter cette aventure par ceux qui arrivent et celles et ceux qui accueillent. Parce que cette histoire de rencontres dit quelque chose de nous et du monde dans lequel nous vivons. »
13h15 : « Regards croisés sur les migrations », programme de 6 courts-métrages
Carte blanche au Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand.
Très sensible à cette thématique, l’équipe du festival de Clermont-Ferrand propose au réseau Traces et aux Rencontres des Cinémas d’Europe une sélection de films qui sont autant de regards différents sur les migrations.
Créé il y a près de quarante ans, le Festival du court métrage de Clermont-Ferrand est aujourd’hui la plus importante manifestation cinématographique mondiale consacrée au court métrage. Très sensible à cette thématique, l’équipe du festival nous propose une sélection de films qui sont autant de regards différents sur les migrations.
The Barber Shop (2017, France, 17 min.), un film de Gustavo Almenara, Emilien Cancet
Livrés au rasoir et aux ciseaux, Emran, Gadisa et Maher se font couper les cheveux ou tailler la barbe. Devant le miroir, leurs pensées s’égarent entre souvenirs du pays et drames du voyage qui les a menés ici, dans la Jungle de Calais.
Home (2016, Kosovo/RU, 20 min.), un film de Daniel Mulloy
Des milliers de femmes, hommes et enfants se battent pour entrer en Europe tandis qu’une famille de la classe moyenne britannique prépare ses vacances.
Laszlo (2010, France, 4 min.), un film de Nicolas Lemée
Laszlo est un homme sans racines qui aimerait juste vivre en paix, peu importe le lieu.
Bon Voyage (2016, Suisse, 21 min.), un film de Marc Raymond Wilkins
Jonas et Silvia sont en vacances en voilier sur la Méditerranée. Au large, ils tombent sur une embarcation en difficulté, avec de nombreux réfugiés à bord. Après avoir alerté les garde-côtes, ils perdent le bateau de vue. Le lendemain matin, ils se réveillent dans un océan de cadavres.
Estate (2016, Belgique/FR, 7 min.), un film de Ronny Trocker
Sur une plage méditerranéenne ensoleillée, le temps semble figé. Un homme noir, à bout de force, rampe péniblement pour quitter la plage. Autour de lui, les baigneurs habituels semblent ne pas le voir.
Retour (2017, France, 20 min.), un film de Huang Pang-Chuan
« Mon expérience du déplacement en train est à l’origine de ce projet. Je suis toujours curieux d’observer les petites maisons à travers la fenêtre. La photographie me permet de retourner à ces endroits et de découvrir les histoires de ces habitants, un an après. »
15h30 : Les Sauteurs (2016, Danemark, 1h20)
Un film de Moritz Siebert, Estephan Wagner, Abou Bakar Sidibé
À la frontière marocaine se trouve la ville de Melilla, une enclave espagnole entre l’Afrique et l’Europe. Sur la montagne qui la surplombe, plus de mille migrants africains contemplent la barrière qui les sépare de « l’Eldorado ». Abou – le filmeur et le filmé – est l’un d’eux. Armé de sa petite caméra DV, il témoigne de sa vie quotidienne et de ses nombreuses tentatives pour sauter la fameuse barrière.
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Vendredi 22 novembre, 17h
Bistrot des Rencontres
Remue-méninges : « Nuire à la bêtise identitaire »
Par Jean-François Bayart, accompagné du duo Melkem (Gilles Andrieux & Lise Gerbi)
La thématique de l’identité s’est imposée dans le débat public. Il en résulte une sourde angoisse : le marché, la globalisation, l’immigration menaceraient notre identité, notre culture. Or, l’une et l’autre sont des « illusions ». Il n’est que des actes d’identification, politiquement construits, historiquement situés, socialement contradictoires, culturellement polémiques. Les conflits dits identitaires déchirent les cultures, plutôt qu’ils ne les opposent les unes aux autres. La culture n’a jamais rien expliqué. Elle est un effet, et non la cause. Certes, toute action comporte une dimension culturelle. Mais, paradoxalement, les notions d’identité ou de culture nous empêchent de la comprendre. Comment penser les raisons culturelles du politique sans être ni culturaliste ni identitariste ?
Jean-François Bayart, spécialiste de sociologie historique du politique à l’IHEID de Genève, a notamment publié, en 1996, L’Illusion identitaire (réédition en poche « Pluriel » en 2018).
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Samedi 23 novembre, 17h
Bistrot des Rencontres
Table ronde « L’identité comme narration : quand les migrants s’écrivent »
Par Simona Taliani et Roberto Beneduce.
Modérateur : Jean-François Bayart
Ce que nous appelons l’identité est toujours une narration. Nous nous racontons aux autres, les autres nous racontent, et parfois nous en faisons « tout un cinéma ». Les migrants sont de grands conteurs. Ils racontent à leur famille, à leur milieu d’origine la société dans laquelle ils vivent désormais, les épreuves par lesquelles ils sont passés. Avant de partir, ils se sont raconté des histoires. Et aussi ils doivent mettre en récit leur vie passée et leurs projets pour répondre aux attentes des administrations de l’immigration ou du droit d’asile. Au risque de leur « identité ».
Roberto Beneduce, médecin psychiatre et anthropologue, et Simona Taliani, psychanalyste et anthropologue, enseignent à l’Université de Turin. Ils dirigent le Centre Frantz Fanon qui accompagne les migrants et les réfugiés en détresse psychique.
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Du 16 au 24 novembre
Librairie des Rencontres
« Au-delà des murs »
Une exposition photographique d’Alberto Campi – We Report
En 2012, Alberto CAMPI, photographe et photojournaliste basé à Grenoble, membre du collectif de journalistes indépendants We Report, décide de témoigner du mur qui s’érige aux portes de l’Europe pour arrêter les flux migratoires entre la Grèce et la Turquie. Avec cette intention, accompagné de la géographe Cristina Del Biaggio, ils partent en Grèce, dans la région d’Evros, là où le mur a été́ construit. C’est la première étape d’un voyage de deux mois (juin 2012 – aout 2012) qui les a amenés également à Istanbul, Athènes et Patras. Cette exposition est présentée en collaboration avec la Maison de l’Image de Grenoble qui organise en novembre 2019 le Mois de la Photo autour de la thématique “Murs et frontières” – https://www.maison-image.fr
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Vendredi 22 novembre, 18h30
Librairie des Rencontres
Présentation et discussions autour de la revue « Écarts d’identité »
Par Abdellatif Chaouite, rédacteur en chef & Vice-Président du réseau Traces
Le prochain numéro de la revue Écarts d’identité se fera l’écho des rencontres du réseau Traces et du Focus des Rencontres des Cinémas d’Europe, dans un dossier consacré aux « Images migrantes ». Nous vous invitons à venir échanger avec Abdellatif Chaouite et les membres du réseau Traces autour des enjeux des migrations contemporaines.
Écarts d’identité est réalisé par les associations ADATE, ISM Corum, la Maison des Passages et le réseau Traces.
INFORMATIONS :