Pourriez-vous vous présenter en quelques mots, nous dire quelques éléments importants de votre parcours, notamment en ce qui concerne votre intérêt pour le sujet des migrations ?

Je suis réalisatrice sonore, radio, avec dans ma démarche, un ancrage fort dans la méthode de recherche ethnologique par la collecte de parole et le rapport au terrain. Dans mon parcours, on retrouve un intérêt pour la conservation et la transmission des archives sonores et de l’ autre côté une implication associative, avec un engagement envers les questions de valorisation des musiques du monde et des musiques traditionnelles, qu’elles soient ancrées de longues dates ou bien plus récentes. En un mot, je travaille sur les diversités culturelles et musicales.
A fur et à mesure des années, j’ai creusé le sillon du documentaire sonore pour documenter des scènes musicales et pour sensibiliser les gens à toutes ces problématiques passionnantes. Dans ma démarche, les questions liées aux migrations sont présentes depuis longtemps. Ce qui m’intéresse, c’est la transversalité des questions, c’est à dire les inclure dans des problématiques universelles plus large: comment les musiques traditionnelles d’ici ou d’ailleurs font territoire, comment est-ce qu’on crée en appui à un territoire géographique (réel ou fantasmé)? Comment la musique peut-elle devenir un lieu de filiation indirecte et de transmission … Comment ces musiques se transforment et se recomposent dans de nouveaux contextes, quelle est la part d’invention dans la tradition, tout ça….

Concernant les migrations, quelles sont les questions qui sont au cœur de votre travail de recherche ? Pourriez-vous présenter votre démarche, ses enjeux, vos partenaires ?

Je suis intermittente aujourd’hui, j’ai donc plusieurs possibilités de collaboration. Il y a le monde de la radio, pour lequel je travaille de temps en temps. Je travaille essentiellement avec les cases documentaires de France Culture (LSD, la Fabrique de l’histoire), ou bien aussi parfois avec les radios associatives. La forme documentaire me permet de faire une brèche en faveur des questions de diversités musicales, dans un univers radiophonique de plus en plus homogène, où le monde des musiques traditionnelles est réduit à peau de chagrin. Ensuite, il y a le réseau des musées, qui utilise aussi l’outil de la collecte ethnographique pour alimenter leurs collections ou pour nourrir une problématique d’exposition temporaire. Il y a énormément de partenariats à faire, car cette démarche de collecte de parole et de patrimoine immatériel permet d’ancrer un propos muséal parfois un peu abstrait dans un territoire donné ou une actualité sociale. Ensuite, je travaille aussi avec des associations comme le GMVL, sur des actions pédagogiques sur le média sonore.

Comment vous êtes-vous impliqué dans le Réseau Traces par le passé ? Quelles sont vos possibilités de partager votre travail -vos recherches, les ressources qu’il constitue – avec le Réseau TRACES et le public de la région Auvergne-Rhône-Alpes ?

Mon rapport au réseau Traces est lié à l’époque où je travaillais au CMTRA. Il y a des liens institutionnels anciens entre les deux structures, et aussi des liens amicaux qui se sont tissés. Il y a un même intérêt pour la question des migrations, mais aussi  les manières de faire sont proches; on se retrouvait sur des questions de  démocratisation de la discipline ethnologique, et des engagements concrets sur des luttes de reconnaissance culturelle. Il y a plein de petits liens en fait certains anecdotiques, d’autres plus conséquents; par exemple c’est Benjamin Vanderlick qui le premier avait exhumé une boite à chaussure de K7 maghrébo-lyonnaises et me l’avait apporté au centre pour que je les numérise.

Plus récemment Péroline Barbet a collaboré à la publication de la compilation Maghreb K7 Club, regroupant des cassettes produites et enregistrées à Lyon entre 1985 et 1997 par des musiciens et producteurs franco-algériens.

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